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la vie des idees - Page 2

  • Qu’est-ce qu’être réaliste ? A propos de : John Bew, Realpolitik. A History, Oxford University Press.

    Les décideurs politiques sont souvent accusés de faire preuve de cynisme dans la conduite des affaires internationales. Pour d’autres, il s’agit seulement de « réalisme ». Mais que recouvre exactement ce terme ? Deux ouvrages récents reviennent sur la genèse des concepts Realpolitk et géopolitique et remettent en cause la dichotomie entre les valeurs et les intérêts.

    Recensés : - John Bew, Realpolitik. A History, Oxford, Oxford University Press, 2016 ;- Olivier Zajec, Nicholas John Spykman. L’invention de la géopolitique américaine, Paris, Presses de l’Université Paris Sorbonne, 2016.
     
    À en croire l’ancien Premier ministre François Fillon, la tragique guerre civile qui meurtrit la Syrie depuis 2011 aurait eu pour effet de faire apparaître au grand jour la radicale divergence entre l’appréhension poutinienne des relations internationales d’une part, et celle qui prévaudrait dans les chancelleries occidentales de l’autre. Alors que « l’Amérique et ses alliés européens se sont drapés dans une posture morale aussi irréprochable qu’inopérante » en refusant d’intervenir militairement contre les jihadistes au prétexte de ne pas renforcer le régime dictatorial de Bachar al-Assad, « une seule puissance a fait preuve de réalisme : la Russie » qui n’a pour sa part pas hésité à envoyer ses chasseurs pilonner les rebelles islamistes, quitte à faire de nombreuses victimes parmi les populations civiles. Sous la plume de l’homme politique français, la référence au « réalisme » russe est clairement connotée positivement, et contraste avec le dédain affiché à l’égard de la « posture » occidentale qui, pour être moralement « irréprochable » sur le papier, n’en serait pas moins totalement « inopérante » sur le terrain 
     
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  • Le Paris des barricades À propos de : Olivier Ihl, La Barricade renversée. Histoire d’une photographie, Paris 1848, Éditions du Croquant

    En analysant trois daguerréotypes représentant la rue du Faubourg-du-Temple les 25 et 26 juin 1848, l’historien Olivier Ihl dessine une « géographie barricadière » de Paris et retrace un moment d’histoire urbaine. Ces clichés donnent à voir la matérialisation d’une aventure collective au début de la Deuxième République.

    Recensé : Olivier Ihl, La Barricade renversée. Histoire d’une photographie, Paris 1848, Paris, Éditions du Croquant, 2016. 148 p., 15 €.
     
    Relatant les « batailles sanglantes » de l’été 1848, Maurice Agulhon remarque : « On a cent récits des journées de Juin. » [1] De nombreux écrits lui ont été précieux, en effet, pour revenir sur cette révolution « dépréciée », tout comme ils furent indispensables à Maurizio Gribaudi et à Michèle Riot-Sarcey qui, partis à la recherche de l’« esprit de 1848 » [2], souhaitaient remédier à l’amnésie de cette révolte. Pour pallier l’oubli de ces quatre jours de combat parisiens, ces derniers avaient également eu recours à toute une iconographie d’époque (dessins, lithographies, estampes, gravures et tableaux). C’est dans cette lignée que s’inscrit La Barricade renversée, court essai qui s’intéresse à trois daguerréotypes représentant la rue du Faubourg-du-Temple les 25 et 26 juin 1848, avant et après les attaques.
     
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  • La Vie des Idées - La possibilité des révolutions Entretien avec Quentin Deluermoz et Laurent Jeanpierre

    Comment penser les processus révolutionnaires ? Alors que la France connaît des mouvements sociaux et politiques multiformes, deux numéros de revue s’interrogent, à partir d’une réflexion sur la révolution française et les révolutions arabes, sur les relations entre structures sociales, événements et acteurs. Deux de leurs codirecteurs lient cette attention aux processus révolutionnaires à leur intérêt pour l’étude des possibles.

    Quentin Deluermoz, historien, est maître de conférences à l’Université Paris 13 et membre de l’Institut Universitaire de France, a co-dirigé, avec Boris Gobille, le n°112 de la revue, « Protagonisme et crises politiques », Liège, De Boeck, 2015, 260 p. Il est par ailleurs le co-auteur, avec Pierre Singaravélou de Pour une histoire des possibles. Analyses contrefactuelles et futurs non-advenus, Paris, Seuil, L’univers historique, 2016, 2016, 448 p.

    Laurent Jeanpierre, sociologue, est professeur de science politique à l’Université Paris 8-Saint-Denis, directeur du CRESPPA/LabToP. Il a co-dirigé, avec Choukri Hmed, le n°221 (2016/1) des Actes de la Recherche en Sciences Sociales, « Révolutions et crises politiques. Maghreb / Machrek », Paris, Le Seuil, 2016, 125 p. Il a par ailleurs co-dirigé avec Florian Nicodème et Pierre Saint-Germier le n°24 (2013/4) de la revue Tracés, « Réalité(s) des possibles en sciences humaines et sociales ».)

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  • La vie des idées - Banques centrales et inégalités économiques

    En répondant à la crise, les politiques monétaires des banques centrales ont eu pour effet d’augmenter les inégalités économiques. Cet article expose et critique la manière dont les banquiers centraux essaient de justifier les effets inégalitaires de leurs politiques tout en proposant des alternatives possibles à celles-ci.

    Introduction

    Depuis la mise en œuvre des premières réponses politiques à la crise financière qui a débutée en 2007, les problèmes soulevés par les inégalités de revenus et de richesses sont revenus au cœur des débats publics et académiques. Ainsi, au sein du mouvement d’Occupy Wall Street, connu pour son slogan « nous sommes les 99% », de nombreuses voix ont souligné que la réponse à la crise financière continuait à favoriser les groupes sociaux les plus privilégiés. Au delà de la sphère militante, le succès de librairie de l’ouvrage de T. Piketty Le capital au XXIe siècle et les rapports d’organisations internationales comme l’OCDE démontrent que la montée des inégalités économiques depuis la crise occupe une place de plus en plus centrale dans l’agenda politique [1]. Il y a plusieurs déterminants en cause dans la formation des inégalités, parmi ceux-ci on trouve les talents différenciés des individus, le processus de globalisation, le progrès technologique et la structure institutionnelle de nos sociétés (système éducatif, système de redistribution des richesses…). Les liens entre ces déterminants et les inégalités ont été le sujet d’étude d’une littérature abondante, à une exception notable.

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  • La Vie des idées - L’émergence de la transparence

    À propos de : Michael Schudson, The Rise of the Right to Know, Politics and the Culture of Transparency (1945-1975), Harvard

    Une rigoureuse étude de l’histoire récente du droit de savoir aux États-Unis fait remonter l’émergence de la transparence aux revendications pratiques anti-bureaucratiques plutôt qu’à des revendications idéologiques soixante-huitardes.

    Professeur à l’école de journalisme de Columbia, Michael Schudson est un des spécialistes du journalisme qui jouit de la plus forte reconnaissance internationale. Mais il n’est pas qu’un remarquable « spécialiste de sa spécialité » : la stimulation intellectuelle de ses contributions tient aussi à ce qu’investissant une pluralité d’objets, il en tire la capacité à rapatrier des problématiques, des auteurs, là où ne les attend pas, à ouvrir des questionnements transversaux. Ses domaines d’intervention ont porté sur les cultures populaires, la publicité commerciale ou les définitions du « bon citoyen ». L’ouvrage qu’il publie sur l’émergence récente du droit de savoir aux USA se situe donc à l’intersection d’enjeux qu’il a déjà explorés : processus de médiatisation et de publicité, culture politique, rôle des journalistes.

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  • La Vie des Idées - Syrie, l’État barbare par Leïla Vignal

    La révolution de la société syrienne est orpheline : le régime de Bachar al-Assad, répressif et autoritaire, tous les jours un peu plus cruel, est encore en place. L’absence de réaction de la communauté internationale, explique Ziad Majed, y est pour beaucoup.

    Recensé : Ziad Majed, Syrie, la révolution orpheline, Sindbad/Actes Sud, collection L’Orient des livres, 2014, 171 p., 20 €.

    La révolution orpheline est, disons-le d’emblée, un document très précieux, un ouvrage indispensable à toute personne qui souhaite mieux comprendre la révolution syrienne et la longue descente de ce pays vers l’enfer actuel. Il s’agit donc d’un ouvrage dont la parution au printemps dernier est à saluer à plus d’un titre.

    Il est fondé sur la connaissance très précise et personnelle qu’a son auteur, le politologue Ziad Majed, de chaque étape de ce qui est devenu la tragédie syrienne aujourd’hui. Il permet de comprendre les origines de la révolution et de la réaction répressive du régime assadien en opérant un retour sur ses fondements et son histoire récente, et en éclairant, en cinq chapitres, les grands éléments de ce qui se joue en Syrie aujourd’hui. Cet ouvrage court, très bien écrit, clairement construit, met à la disposition du public une information et une analyse construite à partir de sources premières et issues d’une grande proximité avec des acteurs clefs de la scène intérieure syrienne.

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  • La Vie dees Idées : E. P. Thompson, une vie de combat

    Grand historien de la classe ouvrière anglaise, figure intellectuelle majeure des débats sur le marxisme dans les années 1960-1970, militant antinucléaire à l’origine d’une critique écologiste du capitalisme : tels furent les visages multiples d’Edward Palmer Thompson, dont l’œuvre continue d’imprégner en profondeur l’ensemble des sciences sociales.

    Longtemps peu connue en France, l’œuvre de l’historien anglais Edward P. Thompson fait désormais l’objet d’une importante reconnaissance dont témoignent des traductions et publications récentes [1]. Figure majeure de l’historiographie britannique et activiste insatiable, Thompson mena de front l’élaboration d’une œuvre originale et de virulents combats politiques. Son écho a d’ailleurs rapidement dépassé le seul monde des historiens : en renouvelant l’étude des classes sociales et du droit, en plaçant les acteurs et leur expérience au cœur de sa réflexion, en explorant de façon inédite les racines du capitalisme et les résistances populaires, il marqua de son empreinte les sciences sociales de la seconde moitié du XXe siècle. Même s’il fut l’objet de vives critiques de son vivant, il n’a cessé d’être canonisé depuis son décès en 1993. Un retour sur la trajectoire et les engagements de l’une des grandes figures intellectuelles du XXe siècle s’impose donc.

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  • La Vie des Idées - L’émancipation dans la précarité par Cyprien Tasset

    La précarité peut-elle être émancipatrice ? Pour le sociologue Patrick Cingolani, elle ne consiste pas seulement en une forme d’emploi dégradée, mais dessine des possibilités libératrices pour tous les travailleurs. Reste à mesurer ce potentiel révolutionnaire.

    Recensé : Patrick Cingolani, Révolutions précaires. Essai sur l’avenir de l’émancipation. Paris, La Découverte, 2014, 150 p, 13 €.

    Plusieurs décennies après que le terme de « précarité » s’est imposé comme le symbole de maux que la critique sociale ne peut faire que dénoncer sans en enrayer la progression, il y a de l’audace à soutenir, comme Patrick Cingolani le fait dans Révolutions précaires, que l’avenir de l’émancipation doit être recherché du côté des « formes de liberté des précaires » (p. 87). On pourrait objecter, comme P. Cingolani l’a écrit lui-même, qu’« il n’y a pas de précarité qui soit une liberté » et que « ceux qui le disent, à droite ou à gauche, se bercent et bercent d’illusion » [1] Sans renier cet avertissement, Révolutions précaires se penche sur les pratiques et les expériences de travailleurs précaires, pour montrer qu’elles sont ambivalentes plutôt qu’unilatéralement dominées, et que cette ambivalence recèle des pistes de réponse à plusieurs des impasses dans lesquelles sont actuellement enlisés les efforts d’émancipation. Cette proposition est l’aboutissement d’un parcours de recherche de long cours, qui s’est caractérisé dès l’origine par un investissement du lexique de la précarité en tension avec ses usages dominants.

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  • La Vie des Idées - L’école des immigrés

    Un ouvrage posthume d’Abdelmalek Sayad, réalisé à partir de ses archives personnelles, rassemble un ensemble de textes inédits consacrés aux relations entre l’école et les enfants de l’immigration. Il y livre sa vision de l’école et des rapports de domination à l’égard de ce public scolaire.

    Abdelmalek Sayad, né en Algérie en 1933 et mort en France en 1998, est un sociologue spécialiste des questions d’immigration. Avant d’exercer le métier de sociologue, il était instituteur en Algérie. À son arrivée en France il fut l’un des collaborateurs de Pierre Bourdieu. Il a été directeur de recherche au CNRS ainsi qu’à l’école des Hautes Études en Sciences Sociales.

    Abdelmalek Sayad est considéré comme l’un des spécialistes les plus reconnus des questions d’immigration et de l’altérité. Ses travaux de recherche portent principalement sur la problématique de l’émigration, de l’immigration algérienne notamment dans le contexte post-colonial. Ses principaux ouvrages sont, avec Pierre Bourdieu, Le déracinement. La crise de l’agriculture traditionnelle en Algérie, Paris, Les Éditions de Minuit, 1964 ; L’immigration, ou les paradoxes de l’altérité, De Boeck, 1992 ; La double absence. Des illusions de l’émigré aux souffrances de l’immigré, Paris, Seuil, « Liber », 1999.

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  • La vie des idées : Le besoin d’un maître

    Une pause dans le suivi de l'actualité quotidienne jusqu'au 5 décembre. Prochaine mise à jour de l'actualité le 6 décembre Jusque là, quotidiennement, des vidéos ou des articles de réflexion
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    Quand le monde dirigé par l’aristocratie s’effondra, le besoin du chef se fit sentir. Entre management et nationalisme, Yves Cohen en étudie l’émergence historique et théorique dans quatre pays qui jouèrent un rôle majeur dans la première moitié du XXe siècle. Un ouvrage qui fera autorité.

    Recensé : Yves Cohen, Le Siècle des chefs. Une histoire transnationale du commandement et de l’autorité (1890-1940), Paris, Éditions Amsterdam, 2013, 872 p., 25 €.

    Cet ouvrage est essentiel pour notre compréhension du XXe siècle et, plus généralement, du phénomène de l’autorité. Fruit d’un travail de recherche d’une vingtaine d’années, il traite de ce qu’Yves Cohen appelle la « préoccupation » pour le chef et pour le commandement, qui émerge à la fin du XIXe siècle en tant que problème spécifique au moins dans les quatre pays étudiés : la France, l’Allemagne, les États-Unis et l’Union Soviétique

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  • La Vie des Idées - Peut-on fixer le prix du futur de la planète ?

    Comment comparer les coûts actuels d’une action de protection de l’environnement avec les coûts futurs des conséquences de l’inaction ? Christian Gollier propose une approche scientifique de cet arbitrage intertemporel entre coûts et bénéfices.

    Recensé : Christian Gollier, Pricing the Planet’s Future : The Economics of Discounting in an Uncertain World, Princeton, 2012, 248 p.

    Dans son dernier livre, Pricing the planet’s future, Christian Gollier revient sur le vieux problème économique du choix d’un taux d’actualisation pour sélectionner des projets d’investissement sur le long terme. Face à une décision de ce type, on recourt fréquemment à l’analyse coûts-bénéfices qui consiste à faire la somme des coûts et des bénéfices impliqués par le projet d’investissement. Mais comme ces coûts Ct et ces bénéfices Bt se réalisent en général à des dates, t, différentes, ils sont pondérés par un facteur 1/(1 + r)t, qui décroît avec le temps et où r est le taux d’actualisation. Plus r est grand, moins les composantes d’une date éloignée ont d’importance, le taux r indiquant implicitement ce que vaut un euro à une date t quelconque par rapport à un euro en t-1. Ainsi, actualisé à 5%, un euro dans un an est égal à 1/1,05 euros aujourd’hui, soit environ 0,95 euros qui est la valeur actualisée de un euro dans un an. Au final, on sélectionnera le projet si sa valeur actualisée nette, égale à la somme des [Bt — Ct]/(1 + r)t pour chaque date t, est positive. Le taux d’actualisation est donc utilisé par les économistes pour calculer la valeur que l’on donne aujourd’hui au futur.

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